Le Dieu de la Bible déconcerte; il apparaît souvent sous des traits qui ne coïncident pas avec notre imaginaire collectif: guerrier, tribal, impliqué dans les affaires politiques et militaires, etc. Dans ce livre, Thomas Römer passe en revue une série de ces aspects et nous invite à les comprendre dans le contexte qui les a vu naître, celui du Proche-Orient ancien. Au-delà d’une simple investigation archéologique, Römer rend compte des différentes traditions théologiques qui se profilent au sein de la Bible, tout en proposant quelques pistes de réflexion (p. ex. sur la possibilité de comprendre Dieu). Dans cet exposé, je me suis focalisé sur un aspect, celui du Dieu guerrier dans le livre de Josué. Römer en aborde davantage. La première partie (Les attitudes…) est entièrement personnelle.
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Les attitudes face au Dieu de l’Ancien Testament
Rejet
Une position typique de ce rejet est celle de Marcion (IIe siècle). L’orientation gnostique de sa théologie reléguait le Dieu de l’Ancien Testament au rang de démiurge, créateur de la matière connotée négativement et cause de souffrance. Par contre, le Dieu que prêche Jésus est le Dieu libérateur, radicalement Autre et au-delà de la création. Marcion ne reconnaissait comme Écritures que l’évangile de Luc et les lettres pauliniennes. Cité par Irénée, Marcion considère que le dieu créateur est « un être malfaisant, aimant les guerres, inconstant dans ses résolutions et se contredisant lui-même »1. Si, pour Marcion, le dieu créateur n’est pas complètement mauvais, il est un dieu pratiquant une justice rigoureusement rétributive, il est anthropomorphique, inférieur, tel qu’il est décrit dans l’Ancien Testament. Read the rest of this entry »