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Réflexions au fil des jours

29 Déc

LetQUAND MON AMI RAPHAËL m’a envoyé un lien en me disant « J’ai trouvé ta nouvelle église », je me suis demandé si, au moment de cliquer sur « envoyer », il n’était pas en train de sourire malicieusement devant son écran. Mais non. Faut croire que non. Ou bien peut-être que oui? Un peu, sans doute. Parce qu’il sait, Raphaël, que depuis quelques temps je soupire après une communauté qui me corresponde, un cadre ecclésial dans lequel je pourrais m’épanouir au contacte d’autres chrétiens. Alors, à force de revenir bredouille de mes grasses matinées dominicales, on finit par en plaisanter. Non, rien n’aurait été moins étonnant de la part de Raphaël que de me dire « J’ai trouvé ta nouvelle église », et qu’en cliquant sur le lien je tombe sur « Quatre grandes journées de miracles et de délivrance » ou un folklore kitsch du genre « venez expérimenter la glorieuse onction prophétique » avec la joyeuse troupe des Prophètes, Apôtres, Bishop et autres Docteurs autoproclamés.

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Temps mort: Mes deux précédents articles traitaient de l’historicité des récits de l’Ancien Testament et du problème des textes difficiles. Un troisième volet devait clore la série, mais celui-ci attendra. Car à présent je souhaite proposer une tout autre série dans laquelle j’exposerai sans ordre particulier des réflexions et des pensées qui m’ont un jour où l’autre traversé l’esprit, mais que je n’ai jamais pris la peine de développer. Précisons que l’histoire de cette nouvelle église dont je parle tout le long me sert de prétexte et de fil conducteur, ce n’est pas le sujet de l’article en soi. Enfin, de quoi sera-t-il question? Un peu de tout, un peu de rien, et de beaucoup de je ne sais quoi.

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2. Une soirée inaugurale était organisée à la mi-septembre. Je m’y serais bien rendu, mais octobre pointait déjà le bout de son nez. Page après page, lien après lien, j’ai creusé l’affaire sur le Web. Cette église qui s’annonçait protestante fait partie d’un projet d’implantation d’églises en métropole par des autochtones, pour les autochtones, une sorte de réseau mondial appelé « City to City », qui a son origine à New York. De fil en aiguille, je suis tombé sur le nom de Timothy Keller, un pasteur et écrivain américain qui a notamment publié un best-seller intitulé The Reason for God, dont j’ai la traduction française sous-titrée La foi à l’ère du scepticisme. Ainsi, l’église « protestante » était en réalité une église évangélique. « Et alors quoi? Les évangéliques ne sont pas des protestants? » Oui, l’évangélisme est un courant issu du protestantisme. Mais là n’est pas la question. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a une différence entre des patates bouillies et une barquette de frites. Les patates bouillies, ce sont les églises dites « historiques », catholiques ou protestantes (ou orthodoxes), celles dont on ne cesse de répéter qu’elles se vident, vieillissantes, agonisantes, et qu’elles souffrent d’une « crise des vocations » (les mouvements de jeunesse pour leur part se portent bien; c’est le religieux institutionnel qui est en déclin, dixit Olivier Roy dans: voir notes en bas de page [merci à Raphaël pour l’article]). Bien moins alléchantes, leur composition nutritionnelle se révèle toutefois plus saine et équilibrée que celle des frites évangéliques. Courant très dynamique et diversifié, l’évangélisme traverse les frontières dénominationnelles. Il y a des réformés, des luthériens, des anglicans évangéliques. Parfois accusé (à tort ou à raison) de fondamentalisme, ce qui est certain c’est qu’il attire beaucoup d’âmes assoiffées de Dieu et que sa progression dans le monde, surtout du côté pentecôtiste et charismatique, est fulgurante. C’est qu’on n’a jamais vu de baraque ambulante proposer aux passants des patates bouillies, alors qu’ils font la file devant les friteries bruxelloises, celle de la place Jourdan et celle, plus cosmopolite, de la place Flagey. Croquantes, délicieuses, succulentes: avec un peu de mayonnaise, n’importe quel gamin troquerait sa bicyclette pour un cornet débordant. Bref, je n’y suis pas allé, à cette soirée inaugurale, mais j’ai troqué bien volontiers ma grasse matinée dominicale contre une promenade en direction d’une autre place cette fois, la place Fernand Cocq.

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3. Sur leur site, un slogan m’interpelle: « L’Église: pas un bâtiment ni un événement, mais des gens. » J’y reconnais l’insistance évangélique sur la dimension individuelle et engagée de la foi. Une foi dont l’expression n’est pas déléguée aux belles pierres et aux constructions somptueuses, à propos desquelles Jésus a dit qu’il ne restera pas pierre sur pierre, mais que les personnes rassemblées en son nom incarnent de corps et d’esprit, comme des pierres vivantes, persuadées d’être en relation directe avec Dieu, dans sa présence agissante. Je n’avais donc aucune raison de m’étonner de voir annoncée la prochaine rencontre, non dans une église ou un local froid tenant lieu d’église, mais dans un café! Pourquoi pas? Lieu de toutes les avant-gardes, peut-être qu’ici, dans ce café, quelque chose de nouveau allait commencer pour moi. Café est synonyme de convivialité, de joyeuse communion, avant-goût du banquet eschatologique auquel Jésus compare le Royaume des Cieux. Cela étant dit, l’Église «pas un bâtiment, pas un événement», j’ai du mal. Pourquoi cet exclusivisme linguistique? L’Église, selon ses diverses acceptions, c’est un bâtiment, c’est un événement, et c’est bien sûr et avant tout « la compagnie des fidèles » qui s’y rassemble. L’Église ne fait pas les chrétiens, ce sont les chrétiens qui font l’Église. On s’entendra là-dessus. D’ailleurs, les églises auxquelles l’apôtre Paul adresse la plupart de ses lettres sont des maisons; aujourd’hui, des pasteurs évangéliques, dont le pasteur Keller, peuvent se targuer de remplir tous les dimanches ce qui s’apparente à de grands auditoires et des salles de concert, et pourtant ce sont aussi des églises.

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Premier dimanche

4. Vers 10h05, quelque peu inquiet de ce que je vais découvrir, je déambule à proximité du café en question place Fernand Cocq. Je repère accessoirement une boulangerie-pâtisserie qui mériterait bien une petite visite. Pour l’instant, je me contente de surveiller l’entrée du café pour voir qui me précédera dans le Royaume de Dieu: des jeunes des vieux?, des blancs des noirs?, des hommes des femmes?, seuls ou en groupe?, en couple ou en famille? Je dis « des blancs des noirs », parce qu’à Bruxelles, en dehors des églises africaines, et si je m’en tiens uniquement aux églises affiliées à l’EPUB (Église protestante unie de Belgique), il y a une forte proportion d’africains, qui varie selon les communautés. Je dis « des jeunes des vieux » parce que mon instinct naturel me pousse à vouloir rencontrer des jeunes adultes de mon âge, de ma génération. Des jeunes à l’église, quel prêtre, quel pasteur ne rêve pas de les voir évoluer et s’épanouir dans sa paroisse? Ma foi, cette pâtisserie a un franc succès! Et personne ne daigne entrer dans ce café.

5. Les minutes passent. Je me suis demandé si, dans le fond, ce que je cherche, ce n’est pas faire de nouvelles rencontres. Quand tu es gosse, tu vas à l’école, t’as des tas de copains, deux anniversaires par mois, tu veux juste jouer et bien t’amuser; en secondaire et à l’unif, tu trouveras toujours quelques personnes avec qui te frayer un bout de chemin. C’est après que ça se corse. Je me suis aussi demandé si à la place d’une église cela n’aurait pas pu être, disons, un club d’arts martiaux, un cercle de lecture ou une association caritative, ou bien encore militer au sein d’un parti politique. Bref, se retrouver avec des gens qui partagent une même passion, une vision commune, un but à atteindre. Sans exclure ces types d’engagement, je m’interroge: pourquoi une église? Pourquoi des chrétiens? N’est-ce pas en raison de cette minuscule petite formule que l’apôtre Paul affectionne tant et qui change tout: ἐν Χριστῷ, en Christ? Vous êtes en Christ, écrit Paul, «vous avez revêtu Christ», «vous avez été baptisés en Jésus-Christ», «vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ», «vous appartenez au Christ»… Y a-t-il donc un lien spécial qui unit les chrétiens, quelque chose de fondamental que nous partageons et dont nous pouvons témoigner les uns aux autres, les uns avec les autres, et qui d’étrangers que nous sommes peut faire de nous des frères et des sœurs? J’en suis persuadé. Tout autre engagement est de surcroît par rapport à ce lien fondamental. C’est ainsi que je le ressens, et cela me réconforte, et cela m’encourage pour aller vers les autres, malgré ma timidité, mes appréhensions, et c’est comme ça que ce matin je me tiens à proximité de ce café et que je vois enfin se garer une voiture. Juste devant la porte.

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6. Plusieurs personnes en descendent, plutôt jeunes, et leurs enfants qui se lancent à l’intérieur du café. Ils ont l’air affairé, en retard, du matos musical à bout de bras. Oui, c’est bien là que ça se passe. Un peu hésitant, je m’incruste en saluant un des gars à l’entrée. Je m’étais trompé; c’est moins révolutionnaire que je ne l’avais imaginé; on ne va pas déconstruire l’Église pour la reconstruire à nouveau, sur de nouvelles bases. C’est comme une église évangélique à ses débuts, sans local fixe, un peu nomade, improvisée et, en l’occurrence, avec un côté underground. Je traverse une petite cour pavée et je rentre dans un local sombre aux murs de briques que peinent à éclairer les trois fenêtres donnant sur la cour. Je vois des tables rondes, des chaises, un écran de projection, un piano droit. On me salue au passage. Il doit bien y avoir entre vingt et vingt-cinq personnes, bien moins qu’à l’inauguration, principalement des jeunes, quelques couples avec et sans enfants, et une famille au complet. On me propose du café percolé, je ne dis pas non, d’autant plus que j’ai omis sciemment de m’en servir une tasse au petit déjeuner.

7. Je m’installe. Un type s’avance vers moi, grand, mince, souriant, et il m’aborde avec un fort accent british. Je n’ai pas le contacte facile avec les gens. À vrai dire, je ne l’ai même pas du tout. Retranché dans mon coin, je revêts mon masque de touriste, et je m’enlise irrésistiblement dans le mutisme en compagnie de dame solitude. Alors, je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, c’est un tableau récurrent, théophanique, christique, celui du « gars sympa » qui, tel un ange descendu du ciel, apparaît et d’une parole adressée fait rouler la lourde pierre. J’ai souvent désiré être ce gars pour les autres, pour le sdf, le mendiant, le malade, mes proches, mes lointains, ceux qui souffrent (et tous nous souffrons, parfois sans le savoir); avoir une parole réconfortante, une parole qui frappe juste, qui fait sens, consoler une âme en peine; accomplir la règle d’or consistant à faire envers mon prochain ce que j’aimerais qu’il me fasse, sans attendre ni même m’attendre à ce qu’il le fasse, être son ange, sa théophanie, pour qu’il se dise peut-être un jour qu’il y avait entre nous plus que lui et moi. Quoi que l’on pense des miracles accomplis par Jésus, et quand bien même il n’en aurait accompli aucun, il est celui qui, devant les foules frappées de stupeur, aura le mieux incarné cette attitude, « totalement donné à Dieu, écrit Adolphe Gesché, et totalement donné à l’homme. Totalement religieux, filial et totalement humain, fraternel. Passionné par la cause de Dieu et passionné par la cause de l’homme. » Et l’auteur d’ajouter: « Cette double passion, […] le Christ me montre, et le christianisme me dit, qu’elle n’est pas du tout contradictoire, et même que chacune appelle l’autre et l’épaule. » C’est pourquoi je pense que les églises doivent s’organiser pour permettre à leurs membres d’intervenir collectivement auprès des plus démunis. Seul, je ne peux rien, sinon ponctuellement, de temps en temps, mais habituellement c’est un sentiment d’impuissance et mes propres soucis qui prennent le dessus. Alors qu’en église, en agissant de manière structurée, il est possible de vaincre cette impuissance et de laisser pour un temps mes soucis au vestiaires et monter sur le terrain.

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8. Après l’individualisme de la foi et l’engagement personnel, un autre trait typique des milieux évangéliques n’a pas tardé à se profiler: l’évangélisation (en termes sociologiques on parlerait de militantisme). C’était le sujet de la prédication. Le passage biblique clé de ce matin était Mt 28.16-20: l’envoi des apôtres en mission par le Christ ressuscité. C’est un texte difficile à entendre aujourd’hui dans notre société sécularisée (surtout en Europe), laïque, multiculturelle, pluraliste, où la pratique religieuse est reléguée dans la sphère du privé. Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. (TOB) Dans les cercles chrétiens, on parle généralement d’évangélisation. En dehors, c’est du « prosélytisme », et c’est très mal vu. Pour les évangéliques, l’annonce de la bonne nouvelle n’est pas une question de goût ou un aspect négligeable de la vie chrétienne. Quelles que soient ses modalités, l’évangélisation fait partie intégrante de la foi, elle en exprime une dynamique aussi bien dirigée vers l’intérieur (Suis-je vraiment sauvé?) que vers l’extérieur, vers les autres, ceux qui ne connaissent pas Jésus et n’ont pas encore goûté au salut qu’il apporte. C’est un désir que je peux comprendre.

9. Il y a quelques années, en pleine période évangélique, je fréquentais un groupe para-ecclésial d’origine américaine tourné vers le milieu estudiantin. Ce groupe était l’occasion pour des jeunes chrétiens de se rencontrer et de participer à toutes sortes d’activités fraternelles: moments de louange, repas, soirées ciné-débat, etc. Évidemment, l’invitation n’était pas adressée exclusivement aux chrétiens du groupe. Des séances d’évangélisation étaient organisées aux abords des campus universitaires, consistant essentiellement à offrir aux étudiants un service (du café ou des croissants) ou un objet détourné (bics, bouteilles, canettes) permettant de faire connaître le mouvement et la personne de Jésus. Au bout d’un certain temps, je me suis dit que je ne pouvais pas me pointer là-bas chaque semaine, boire, manger, rigoler, profiter de tous ces bons moments, sans rien donner en retour. Or l’idée de participer à ces séances d’évangélisation me mettait fort mal à l’aise. Étais-je « homme de peu de foi »? Avais-je « honte de l’Évangile » (Rm 1.16)? Serais-je le premier à renier mon Seigneur en prétendant ne pas connaître ces gens avec leurs bics et leurs slogans ridicules? En fait, c’est très simple, ce genre de pratique ne me correspondait pas, ce n’est pas du tout mon style, ce n’est pas moi. Tomber sur les gens, comme ça, ex machina, hors contexte, si peu naturellement, les interpeller pour leur vendre notre came à nous, ça ne va pas. Je me mets à leur place et, à leur place, je ferais pareil: merci et au revoir.

10. Quoi que je puisse penser de l’évangélisation, de sa légitimité, de ses dérives – je n’ai pas particulièrement réfléchi sur la question –, il y a une chose que je reconnais et que je ne peux nier: je ne serais pas chrétien si quelqu’un ne m’avait parlé de Dieu, de Jésus-Christ, de la Bible. Cela ne s’est pas déroulé avec les outils du marketing ni par une quelconque opération d’évangélisation, planifiée par un groupe de chrétiens zélés décidés à sauver le monde. Non. Cela s’est fait en toute discrétion, avec la douceur infinie de la patience divine, dans l’écoulement paisible des jours, au hasard des regards, des rencontres, au souffle ténu des mots échangés ici et ailleurs et qui, chemin faisant, au rythme des conversations et des malentendus, ont trouvé finalement dans mon coeur un terreau favorable. Qu’il dorme ou qu’il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment (Mc 4.27). Certains vivent leur conversion comme un chemin de Damas, expérience soudaine et renversante, avec effets spéciaux; d’autres la vivent comme un chemin d’Emmaüs, dans les réalités de la vie quotidienne, en marchant, conversant, autour d’un repas. Bien sûr, il y a d’autres manières de devenir chrétien. Mais je me retrouve bien dans la seconde. Et depuis, je n’ai pas changé. Ma théologie et mon christianisme en sont pénétrés. C’est pourquoi, aussi, je préfère parler de témoignage plutôt que d’évangélisation. D’un témoignage qui se donne dans l’authenticité et la vérité d’une rencontre, dans l’échange, la joie du partage, sans essayer de cacher mes ignorances, mes faiblesses, les doutes et les peines qui me travaillent, et qui, dans une large mesure, nous traversent tous. Dès lors, rien ne m’empêche, malgré tout, de désigner l’horizon de mon espérance, dévoiler ce qui me fait vivre et maintenir le cap, évoquant ce trésor enfoui dans le champ de mon existence et que je n’ai pas encore fini d’exhumer (Mt 13.44).

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À suivre… peut-être…

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Notes

Olivier ROY, « Les religions à l’épreuve de la mondialisation », Le Monde du 21 décembre 2008. Propos recueillis par Stéphanie Le Bars. http://www.lemonde.fr/international/article/2008/12/21/les-religions-a-l-epreuve-de-la-mondialisation_1133474_3210.html#kY4amLWayKpywvG3.99 (Dernière consultation le 12 juillet 2015).

 
 

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9 réponses à “Réflexions au fil des jours

  1. raphaelhaas

    30 décembre 2014 at 00:37

    Cher ami,

    Quel honneur me fais-tu en me citant au début de ton article ! Mais je me dois de te mettre en garde il vaut peut être mieux manger des patates bouillies que de belles frites, tu sais que Satan est capable de tous les subterfuges pour nous faire tomber dans le péché ! Trêve de plaisanteries, j’aime beaucoup ton style et surtout voilà un article accessible tout public! Je reconnais ton humour, une belle manière de parler de choses sérieuses tout en mêlant des références et des traits d’esprit! Alors n’attends pas 6 mois avant de nous donner la suite , tu m’as (nous ?) mis en appétit. Je te dis donc à très vite ! (j’ai une envie de frites tout d’un coup…)

    Raphaël

     
  2. Marc

    30 décembre 2014 at 10:12

    Salut Georges,

    Voilà une démarche originale que de faire passer quelques idées théologiques sur la base de ton expérience. Ca montre bien toute la complexité (et la richesse) de la vie chrétienne : ce que nous concevons du message biblique, ce que nous recevons de l’Esprit, ce que nous vivons (ou sommes prêts à vivre) dans nos expériences.

    Il ne faudrait pas que l’évangélisme en général soit jugé entièrement par ce « petit bout de lorgnette », mais je ne pense pas que ça soit là ton intention.
    Chacun trouvera certainement des questionnements ou ressentiments qui lui sont familiers, je trouve en tout cas ta franchise sur la traduction de tes sentiments assez admirable.. Certains sujets comme notre manière d’évangéliser est parfois jugée carrément taboue par certains conducteurs.

    Il y aurait certainement beaucoup de chose à dire sur le fait de trouver une communauté « qui nous corresponde ». Pour ma part j’ai toujours été impressionné par l’organisation de l’église naissante et particulièrement interpelé par la réaction de Paul au sujet d’églises aux caractères vraiment différents. Si à l’époque j’avais vécu à Corinthe, serais-je resté membre de la communauté ? C’est certainement l’église la plus « charismatique » avec pour couronner le tout des affaires de mœurs et des jalousies, des disputes… Ha si j’avais pu vivre à Philippe !
    Cependant c’est aux Corinthiens que Paul lance cette affirmation qui me semble capitale dans nos rapports aux autres : « Ainsi, désormais, nous ne percevons plus personne de manière humaine ». Je dirais donc – si ça peut contribuer à donner un peu de frite (!) à ton cheminement personnel – qu’un des grands miracles de la foi en Christ c’est bien de nous rendre capables de vivre une unité spirituelle (en son corps pour reprendre l’image de Paul) qui va bien au delà des frontières de nos « atomes crochus » naturels…

    Bonne suite donc et n’oublie pas que tu as amorcé une discussion sur notre blog Science & Foi 😉
    http://www.scienceetfoi.com/le-bible-depeint-une-vue-ancienne-du-cosmos/

     
  3. Béréenne attitude

    11 janvier 2015 at 18:04

    Bonjour, la suite existe ? 🙂

     
    • Georges Daras

      11 janvier 2015 at 18:41

      Bientôt! 😉
      (Mise à jour 12 juillet 2015: 6 mois se sont écoulés depuis ce « bientôt » bien optimiste. Je suis lent à rédiger, et je ne m’y applique que rarement… Une suite va paraître, c’est certain, mais je ne suis pas en mesure de prévoir une date. Cela dit, le record absolu est détenu par Jésus-Christ, qui « vient bientôt », et ça fait 2000 ans qu’on attend! 😉

       
      • Béréenne attitude

        11 janvier 2015 at 18:44

        Je me réjouis de la lire ! 🙂

         
  4. jpeg

    14 février 2015 at 00:15

    Cela faisait un moment que je n’étais pas passé, car hélas les mises à jours étaient plutôt rares. Je ne vais pas plus que ça discuter du fond, car j’ai connu ce genre d’églises et moi aussi à dire vrai je ne m’y reconnais plus et même je ne m’y suis jamais senti à ma place.

    Je voulais juste rebondir sur un point,l’idée d’individualité de la foi si présente chez les évangéliques. Evidemment conversionisme exige (dixit le quadrilatère de Bebbington), on ne nait pas évangélique, on le devient. Et s’ils le répètent ils n’ont pas de religion, la dimension communautaire est très forte. Mais si la foi est individuelle, l’évangélique ne peut être sans église avec un e (ici le jargon signifie communauté locale de croyants). Un pasteur réformé disait que chez les catholiques le plus prégnant étaient les sacrements, chez les réformés ce serait la bible (le point le plus douteux) et chez les évangélique la communauté. Ainsi être actif, mener une vie chrétienne, c’est agir avant tout pour la communauté. Même dans une réunion de prière, si les protestants historiques vont prier pur la Syrie, contre la torture etc, les évangéliques prieront avant tout pour les finances de l’église, pour l’opération de truc etc. Même dans ton action chrétienne, ranger une salle, aller à l’étude biblique ou préparer une agape devient le centre de la vie chrétienne, de la vie de ce monde alternatif que constitue la communauté.

    Bon ton message ne signifiait pas le contraire mais je voulais juste apporter cette pierre, cette pierre pour jargonner qui fut d’ailleurs ma pierre de chute. Au plaisir de lire la suite

     
  5. Mélanie, étudiante en philosophie et en anthropologie chrétienne

    18 août 2016 at 14:07

    Etudiante en en philosophie et en anthropologie chrétienne, je voulais savoir quel était votre point de vue sur l’école de Salamanque ? Merci

     
    • Georges Daras

      21 août 2016 at 21:39

      Bonjour,
      Je n’ai pas d’avis sur cette école car je ne la connais pas.
      Bonnes recherches!
      G.

       
  6. Olivier Pierre

    29 août 2018 at 12:16

    Bonjour,
    Je me retrouve dans votre témoignage, car je suis un ex pentecotiste repenti!!!
    Effectivement on est très bien reçu au début mais une fois «converti » quel dommage de recevoir des coups de bâtons à base de versets bibliques sortis de leur contexte.
    J’ose dire par mon expérience que ces communautés ecclésiales font du prosélytisme et qu’ensuite si on ne rentre pas dans le moule les fidèles,pasteurs ou prophètes autoproclamés on toujours hélas les mêmes discours du genre si ça va pas très bien dans ta vie c’est à cause du diable, de péchés non résolus etc…
    Quel dommage de ne tenir aucun compte de notre humanité!!!
    J’ai fini par fuir les pentecotiste et j’en suis très heureux car dorénavant je chemine enfin.
    Sans rechercher la soit disante «puissance » de Dieu qui est une véritable obsession dans ces mouvements car il me semble que Paul dit que la puissance de Dieu s’accomplit dans la faiblesse.
    Et si j’ai aussi une echarde dans la chair alors merci mon Dieu.

     

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